Un week-end imaginé autour des caps Fréhel et Erquy, les 23 et 24 septembre 2023
Les mots d’Elisabeth, à l’initiative de ce week-end
Il était une fois des bretons et des angevins réunis pour la randonnée des deux caps, Fréhel et Erquy en son bivouac. Des bretons de l’Atlantique et de la Manche plutôt pacifiques et des angevins de la Loire à la réputation sulfureuse, dit « ceux de Bush’Men », rebaptisés les « Rhum’Men » passé une certaine heure arrangée.
Comme la mer efface la géographie, on fit tous équipe avec nos frêles embarcations, nos bouts de bois et nos bouts de ficelle pour passer Fréhel. Le seul cap qu’il nous restait grâce à la phrase magique de notre druide « je ne suis pas inquiet ». Même si Eole mis Erquy aux calendes grecques et notre équipe au camping, la mer se fit belle comme on l’aime. Fréhel tint ses promesses et nous, notre programme de deux caps. Le marchand de sable ne passa pas pour nous tous.
Au réveil, même plus d’cap, 3 forfaits, des prévisions qui s’affolent et un programme qui se réduit à peau de chagrin. L’île des Ebihens sauva la mise du dimanche. Il était temps de rentrer. En fin de compte, il était une fois des ckméristes qui firent la course du Rhum plus vite que la randonnée des deux caps mais ce fut un bon week-end sous le soleil de l’adaptation.
Un pont trop loin : passage du Cap Fréhel. Le récit de Stéphane L.
Récit et photos publiés par Stéphane L. sur la page du club de Kayak rando CNB Bouchemaine
« Un pont trop loin » : c’est la référence cinématographique que j’avais en tête en passant au ras du cap Fréhel. C’était peut-être la sortie de trop. J’avais besoin de repos. J’ai senti que je tirais trop sur la corde… Quand le corps ne se tient plus, que l’épaule et un bras font des siennes et que je me retrouve à la traine, il est évident que c’est un signe à prendre à considération. Les indices avant-coureurs étaient bien là cependant. D’habitude, nous réservons le camping du vendredi soir à l’avance. Cette fois-ci, pris par nos affaires de la semaine et la pression de la rentrée, nous n’avons pas pris le temps de le faire avec Hervé. Ça passera… Heureusement, Georges était déjà sur les lieux et a pu nous introduire dans la place. Sous la pluie, dans la nuit, planter la tente sur une plage n’était pas une perspective très séduisante. Faire les courses juste avant de partir, en ayant une liste approximative en tête, ce n’est pas non plus la meilleure solution. Ça passera… Le rhum n’est pas oublié.
C’était pourtant un beau parcours organisé par Elisabeth, avec le soutien de Didier. Je m’en voulais pour cela… Nous sommes partis de la plage de la Mare, à St Caast-le-Guildo. Le rendez-vous était à 8h. Les dix kayakistes prévus étaient bien présents, des habitués pour la plupart. Vers 9h, nous étions sur l’eau, direction le Fort La Latte, après avoir traversé la baie de la Fresnaye. Plus encore qu’en août la silhouette du château éclairée par la lumière dorée du jour naissant était majestueuse. En longeant la côte, nous nous sommes présentés devant le cap Fréhel. Ça a commencé à secouer. Sur les conseils de Didier, nous l’avons passé un peu au large, avant de nous rabattre sous la falaise pour avancer plus aisément. Plus qu’une peur, de l’appréhension quand je me retrouve dans ces trains de vagues qui partent dans tous les sens avec le ressac. J’ai toujours la crainte de la fausse pelle ou de la vague de travers traîtresse qui viendrait me déstabiliser. Ma navigation devient concentrée pendant 45 min. Le corps se crispe et avec la crispation la fatigue s’accentue. Ça passera… Je me suis souvenu alors d’une remarque d’Eric, de Sillages : « Tu en es où dans les barres de ta batterie personnelle ? ». Bon, sang, où est donc la prise ? Je vois Elisabeth s’amuser sur les crêtes, Georges avaler les vagues, Didier faire des aller-retour entre les duos. Il est évident que, sur notre Loire, nous n’avons pas l’habitude de ces conditions. Toutefois, je sens que l’expérience se fait malgré tout. Le corps apprend et enregistre. Et dans la soirée, en guise de débriefing, Didier rassure : en cas de dessalage, il n’y avait pas de risque majeur à la hauteur du cap. La personne serait simplement partie avec le courant. La récupération aurait pu se faire un peu plus loin à l’Est. D’accord, d’accord… mais on ne tient pas forcément à être cette personne-là et à en faire l’expérience. Sans doute à tort d’ailleurs…
Finalement, nous sommes arrivés sur la plage de l’anse du Croc. Le soleil était de la partie. C’était parfait pour manger. Le retour s’est fait plus tranquillement. Des passages en rase cailloux ont même pu être envisagés. A la hauteur du Fort La Latte, nous rencontrons un groupe de kayakistes de Mornac, en Charente Maritime, partis de la plage de la Fresnaye à St Caast. Ils se sont arrêtés avant de passer le cap Fréhel. Une navigation, en grande partie à contre-courant, de près de 16-17 miles nautiques : c’était un bel itinéraire. C’est passé… Pourtant… La décision était difficile à prendre. C’était une première. Mais j’ai senti que le corps ne tiendrait pas le lendemain. J’ai préféré m’arrêter là et ne pas continuer le dimanche. Le matin du deuxième, c’est au tour d’Hervé et de Muriel de déclarer forfait… Décidément, les sorties de fin de saison seraient-elles plus éprouvantes avec le changement de saison ?
Après un petit déjeuner savoureux, confortablement installés dans des fauteuils de la terrasse d’un café de St Caast – quel changement ! – nous décidons, avec Hervé, de regagner nos pénates angevins. Nous atteignons les portes d’Angers vers 14h. Et si nous allions saluer les membres du CNB et du club d’Ecouflant engagés dans une séance piscine ? Arrivés sur place, nous vient l’envie de faire un ou deux esquimautages : l’eau est si chaude. Et puis de fil en aiguille, ou de pagaie en kayak, nous voilà rester pour toute la séance. En partant pour St Caast, nous culpabilisions un peu de pas avoir pu être présents pour cette première séance d’esquimautage en piscine. Finalement, nous avons pu faire les deux…
Aucun regret, n’y d’être partis et d’avoir, malgré des signes de fatigues évidents, participé à cette navigation, ni d’avoir pris la décision de ne pas m’engager le lendemain. J’ai juste quelques scrupules à avoir fait faux bond auprès d’Elisabeth qui a pris le temps et l’énergie d’organiser la sortie…
Ah, j’oubliais : connaissiez-vous les talents cachés d’Elisabeth, de Georges et d’Hervé au baby-foot ? Je me souviendrai des parties endiablées du samedi soir : «Ah non, demi-point, demi-point… ». Ce n’était pas une demi-navigation, en tous les cas… Merci à Elisabeth et à Didier !