Les 8èmes Rencontres Internationales de CK/mer ont eu lieu du 19 au 26 août 2023. Elles ont regroupé des kayakistes d’ici et d’ailleurs, et avec la complicité d’une météo chaleureuse, ont permis de profiter tout autant du littoral des Côtes d’Armor que de la convivialité du camp.
Rétrospective du rassemblement CK/mer
Les photos de Paul Villecourt
Photographe de l’outdoor, grand arpenteur de rivières et organisateur de l’Open Canoe Festival, il profite des rassemblements CK/mer pour titiller le kayak de mer et se frotter aux vagues, et nous gratifie à chaque fois de magnifiques photos.
Les photos de Lionel LF
Les ateliers techniques de pagaie groenlandaise et esquimautage
En complément de ces belles navigations, Yannick (Alpine Paddle) a proposé des ateliers pour découvrir les subtilités de la pagaie groenlandaise, et Steph un atelier esquimautage.
Le camp de base à Tournemine
Et voici quelques photos de Sylvain pour nous donner un aperçu de la bucolique et chaleureuse ambiance sur le camp.
Le récit de Stéphane L.
Rencontre CK/mer à Plérin : la ruche !
CK/mer organisait une rencontre internationale de kayakistes à Plérin dans la baie de St Brieuc. Au moment où j’écris la semaine n’est pas encore terminée. Le « camp de base », si l’on peut dire, était installée au camping GCU de Tournemine. Un camp de base ? Un camping ? Que dis-je… Ces mots ne conviennent pas. Nous sommes plus proches du camp chamarré et bruyant de cosaques, du groupement de fin de saison de chasseurs nomades, de la smala d’Abdel Kader avant sa prise par le duc d’Aumale… Ça grouille, ça s’interpelle, ça passe dans tous les sens, ça s’entremêle. La grande concentration de la centaine de kayakistes s’organise en une multitude de petits cercles plus ou moins poreux, plus ou moins fluides selon les endroits et les temporalités. On devine les figures historiques, les personnalités « officielles », les amitiés anciennes. A quelques endroits, ce sont les origines géographiques qui commandent les liens. Dans d’autres lieux, ils sont le fait de rapports mystérieux.
Vers 7h, on n’entend que des bruissements, des murmures à peine audibles… Peu à Peu, ils enflent, ils s’étoffent, ils prennent corps et texture. Dès 8h, la ruche s’anime. Le bruissement s’étend sur les trois paliers de l’installation organique. Les groupes s’animent, se déploient. On distingue des rotations rituelles, des déplacements réglés. A 9h, le bourdonnement enfle de frétillements nouveaux. Des sections entières partent d’un seul mouvement en une procession chenillée. Au rythme des départs, le lieu s’apaise progressivement jusqu’à retourner à un silence relatif. L’étale, longue et méditative.
16h annonce la remontante. Peu important dans la première heure, le flot gonfle à 17h et devient puissant à 18h. Impossible d’aller à contre-courant surtout avec ce qui se profile alors. Car, c’est le temps d’une tradition que Tarass Boulba, dans sa horde ensauvagée, n’aurait pas renié : l’apéro ! Ce moment s’accompagne de variations sonores gauloises dont l’intensité peut changer selon les groupes. Le fond du vallon s’est souvent fait plus bruyant, les rires se déployant ensuite en écho sur les pentes. L’importance et la qualité de l’apéro se devine au tintement du verre dans le conteneur dédié à cet effet : une percussion tribale, malgré sa modernité. Dans de rares cas, l’apéro se termine par l’absorption de quelques mets. Toutefois, ce n’est pas là une nécessité. Dans bien des mœurs coutumiers, l’apéro se suffit à lui-même. Six heures après, mouvements et sonorités décroissent. La fatigue de la journée prend le pas sur les envies. Et il faut bien durer… J’ai cru deviner un ethnologue, déguisé en kayakiste, prendre des notes.
Pour le reste, il est difficile de décrire les journées. Chacun a vécu sa propre expérience par le choix de ses navigations. L’emplacement de Plérin permettait de naviguer à l’est vers Erquy, le Cap Fréhel et Fort La Latte, à l’ouest vers l’île Harbour, les falaises de Plouha, Bréhat et les Héaux de Bréhat.
Pour ma part, j’ai suivi Georges, accompagné de Pierre comme serre-fil, à l’occasion de trois navigations. Nous avons commencé petitement par un parcours qui, démarrant sur la plage de Tournemine nous a amené sur le phare de l’île Harbour. Notre groupe a gonflé au gré des rencontres.
Le deuxième jour a été magique autant par les couleurs, les ambiances que la navigation au sein de l’archipel de Bréhat. Nous sommes partis de Loguivy de la mer. Nous avons longé la côte à contre-courant jusqu’à l’Arcouest. De là, nous avons traversé le chenal pour atteindre la plage du Guerzido, au sud de Bréhat. Nous nous sommes faufilés entre les îles jusqu’au phare du Paon (pourquoi le Paon d’ailleurs ? A priori parce que « paon » proviendrait d’une déformation du mot breton « pann, penn » indiquant une extrémité. Eh non, il n’y pas eu de paon importé par un gardien extravagant…). Nous avons poursuivi au nord de l’île et au-delà, en direction du Sillon de Talbert, puis des Héaux de Bréhat (alors là, la signification du toponyme – pour ce que j’ai trouvé – est plus tordue. Le terme de « héaux » était pendant très longtemps inconnu de l’usage local. Il s’agirait d’une erreur de lecture de l’abréviation cartographique Cheau pour désigner une balise, une tourelle ou un château. Elle a d’abord été écrite Cheau, puis Heau(x). Voilà Lionel, pour répondre à ta question…). Les Héaux de Bréhat, on y resterait des heures, terraqués, à contempler la mer, d’autant plus que Georges nous a fait découvrir les ruines de la maison construite pour abriter les ouvriers chargés de la construction du phare. Celle-ci culmine à 4 m au-dessus de la mer, entre deux aiguilles. L’espace est petit, 10 m sur 3 m : on a du mal à imaginer trente hommes installés sur un temps long en ces lieux. Le dortoir accueillait deux niveaux de hamacs. Le retour dans la lumière était un supplément de bonheur.
La troisième navigation nous a amené aux pieds du Cap Fréhel et du Fort La Latte. C’est l’un des châteaux les plus photogéniques que je connaisse. Et pour cause… On retient souvent qu’il a servi de décor au cadre du film « Les Vikings » avec Kirk Douglas et Tony Curtis. Mais en fait, il apparait dans pas moins de seize films ou séries, dont le dernier « Les Trois Mousquetaires ». Mais aucun kayak, malheureusement, dans cette profusion. Pourtant, les quelques baigneurs ou marcheurs qui ont vu débarquer autant de kayaks en deux vagues, dans la petite baie, à l’est du château, ont pu croire au tournage d’un film. Peut-être d’horreur. En quelques minutes, ils se sont vus submerger, se réfugiant sur les rares écueils laissés libres. Dans les grottes qui constellent les falaises à cet endroit, je verrais bien la mise en croix de quelques vierges attendant au choix la noyade ou le déchiquètement de leurs corps fracassés contre les rochers, en restant dans l’esprit du film « Les Vikings ». C’est peut-être ce qu’ont imaginé les touristes en y faisant figurer à la place de vierges, des kayakistes. Il ne faisait pas bon embarquer en dernier ce jour-là : j’ai bien vu comment ils se sont rués sur le dernier d’entre-nous, le plus fragile, l’isolé. Malgré nos tentatives de le dégager, nous n’avons rien pu faire. Il a été dépecé en peu de temps, obligé de manger son néoprène.
Le quatrième jour, j’ai décidé de le consacrer aux formations : celles consacrées aux techniques de pagaie groenlandaise le matin avec Yannick et d’esquimautage avec Stéphanie. La boucle était bouclée… Il me fallait rentrer le jeudi de toute façon…
Du Whiskey irlandais, en pensant par les intonations wallonnes, les accents méridionaux, les références picardes, les interpellations hispaniques, les multiples diversités des pays bretons, les rencontres CK/mer, ça dépayse !
Merci à Sylvain pour l’organisation de la semaine et de l’accueil au sein du camping. J’ai eu un réel plaisir de partager ces navigations et de retrouver cette ambiance qui caractérise l’association.
Rassemblement CK/mer J-8 : la check-list
J – 8 !!!
Accueil au camping à partir de 14h30 samedi 19
>>> Checklist >>>
✔ Matos de navigation
✔ Matos de campement
✔ Apéro des régions
✔ Bonne humeur
✔ Sourires 😎
Annonce des Rencontres CK/mer 2023
Rendez-vous cette année en baie de Saint-Brieuc
Cet été, CK/mer organise un rendez-vous international de kayakistes du 19 au 26 août 2023, en baie de Saint-Brieuc, dans les Côtes d’Armor.
Ces rencontres sont ouvertes à des kayakistes de tous horizons et de toutes mers qui ont envie d’échanger et de naviguer avec d’autres amoureux de la mer et du kayak de mer. Le site permet des navigations protégées, tout comme des navigations plus engagées, avec :
- A l’ouest : les Roches de Saint Quay, Gwinzegal, les falaises de Plouha, jusqu’à l’archipel de Bréhat
- A l’est : le Cap d’Erquy, celui de Fréhel, Fort La Latte
L’idée est simple : chaque participant sera autonome quant à son matériel de navigation et de camping. Il organisera ses sorties en fonction de ses capacités, de son intérêt, de ses rencontres… ou bien de son humeur ! Les familles sont les bienvenues.
Pour le reste, CK/mer sera là pour vous faire profiter de sa connaissance du site tant sur mer qu’à terre. Nous serons installés au camping de Tournemine, commune de Plérin-sur-Mer (22190).
Voilà notre projet. Il repose sur l’amitié, les rencontres, la liberté, le partage, l’autonomie et la responsabilité de chacun. Nous souhaitons par-là vous donner envie de découvrir cette région en kayak et espérons que cette semaine soit riche de découvertes et de plaisir pour tous.
Nombre de places : 90 à 100 max
Inscriptions
Les inscriptions se font sur Hello Asso : https://www.helloasso.com/associations/ck-mer/evenements/rencontres-ck-mer-tournemine-aout-2023
Inscriptions closes fin juillet
> Voir la rétrospective du dernier rassemblement, celui de Landrellec en 2021
> Un magnifique article sur les 6ème rencontres internationales, en 2015 à Belle-île
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