Invitation à une croisière sans port de Guy Ogez, membre fondateur de CK/mer
Texte publié dans le bulletin CK/mer n°10, janvier 1983.
Une invitation au voyage
Une galerie de voiture peut recevoir deux ou même trois kayaks. Vous pouvez donc, aisément, emporter votre bateau à Oban, Corinthe, Penzance, … Qui vous empêche donc de partir en croisière dans les Hébrides, la Corse, les Cyclades, les Sporades, les Iles Scilly ? C’est au kayakiste que les archipels réservent leurs beautés les plus secrètes.
A bord pas de cabine. Tous les soirs, il vous faudra faire terre pour chercher une auberge, ou mieux, un emplacement où planter la tente. Mais c’est là, justement, dans l’intimité des rivages, que se développe tout le charme du kayak de mer, sport amphibie. A vous les criques à l’écart, les villages inconnus des plaisanciers.
Une extension du corps
Le kayak de mer, c’est la plaisance sans les inconvénients. On ne peut pas le comparer à un autre bateau, tellement il est léger, facile à manier. Est-ce d’ailleurs un bateau que ce long flotteur fuselé où l’on se glisse comme dans un vêtement ? Il fait corps avec vous, prolongeant vos muscles. Vous le tenez avec les cuisses et les jambes, comme un cheval, un vélo, des skis. L’ensemble kayak-kayakiste forme un tout. Aussi le kayak vaut-il celui qui le monte. Les spécialistes sont à l’aise sur toutes les mers, pour tous les temps. Ils traversent la Manche ou l’Atlantique, malgré des coups de vent. Mais là n’est pas le propos.
Le bateau du randonneur en mer
Le vrai programme du kayak de mer, c’est l’expédition côtière, proche ou lointaine, la randonnée de vacances. On progresse par sauts de puce, d’abri en abri. Les paysages se succèdent. On y flâne. On pêche. On rencontre des oiseaux, parfois des phoques. Une autre manière de vivre, primitive et sans hâte. Il arrive que le temps se détériore. Quelques coups de pagaie vous ramènent à terre, où il y a tant à voir. A bord, vous avez de quoi installer le bivouac, subsister en toute autonomie des jours durant.
Une telle aventure n’a rien d’héroïque. Elle ne convient pas forcément à tous, car elle est rude et fertile en imprévus. Elle nécessite une préparation sérieuse. Apprendre le mode d’emploi du kayak, mais aussi celui de la mer, avec tous ses caprices et ses variations. Apprendre à ne compter que sur soi-même : au large, il n’y a pas d’écriteau pour indiquer la route, pas de pancarte pour les mauvais passages. Quand on vit si près de l’eau, on apprend vite à tenir compte des marées, estimer les courants, prévoir les grains, déchiffrer une carte marine, connaître ses propres limites. C’est un bonheur alors d’être son propre prévisionniste, d’interroger les vagues et les nuages, de naviguer sans instruments, comme autrefois.
Cette plaisance insolite, ces croisières sans ports et sans calculs vous tentent ? Pourquoi ne pas essayer ? Rejoignez la communauté fraternelle des kayakistes de mer. CK/mer vous y aidera.
Guy Ogez