Edit 24 juillet : article de nouveau à la une avec les sublimes photos de phoques gris et phoques veaux-marins de Sarah Monnet (Picardie Nature). Photographies prises avec du matériel photo adapté (600mm) et dans le respect de la tranquillité des animaux.
CK/mer, dans le cadre d’une démarche de sensibilisation à l’environnement, a commencé à mettre en place des actions concrètes sur le terrain et les eaux.
Parmi ces actions : des WEKE… Week-End Kayak et Environnement, des weekends de rencontres et d’échanges pour favoriser le partage de connaissances liées à notre pratique et à son milieu. Le premier WEKE était organisé en Baie de Somme le weekend des 28 et 29 juin, à l’initiative d’Anselme.
La Baie de Somme est un lieu riche au niveau biotope avec des espèces endémiques. Ces espèces rares et protégées se retrouvent aussi bien dans la flore, la faune et la faune ornithologique.
Pour animer ce week-end, Ck/mer a fait venir deux intervenants :
- Antoine Meirland, Conservateur de la Réserve Naturelle Baie de Somme
- Sarah Monnet, Chargée de Mission de l’Association Picardie Nature, spécialisée dans les mammifères marins.
Voici le compte-rendu d’Anselme, avec les photos d’Anselme et Bernadette. Merci à tous.
Samedi : Mieux connaître l’environnement de la Baie de Somme
Après des retrouvailles vendredi soir, on part samedi matin pour la Pointe du Hourdel. C’est sur l’entrée sud de la baie de Somme.
Au pied du phare, nous sommes 8 à retrouver Monsieur Antoine Meirland le conservateur. En première partie, un exposé sur les compétences et enjeux de la Réserve, son périmètre et aussi un survol des autres zones de protection sur la côte Picarde. Cela se fait par un temps un peu nuageux et un 3 bft de vent … bref le blouson était le bienvenu !


Une transition sur les galets, les galets du Hourdel qui sont d’une qualité rare.
Ils sont purs avec un taux de silice extrêmement important, plus de 98,3% et extrêmement durs, classés sixièmes sur l’échelle de Mhos (le plus dur étant le diamant classé 1er).
On apprend aussi les enjeux économiques autour du galet. Ils servent de meule par exemple lorsqu’ils sont bien ronds, pour faire de la porcelaine noire ou comme granulats. Les galets remontent depuis la côte Normande et parcourent environ 4 mètres par jour vers le Nord. La Somme canalisée les empêche de remonter plus haut du fait de sa force.


Nous abordons ensuite les biotopes… en parlant du chou marin, une espèce protégée même si elle est très représentée sur la côte Picarde, avec plus de 40 000 pieds recensés !
C’est la plus grosse implantation sur la côte française. Il a un pivot qui descend à plus de deux mètres qui permet de stabiliser le cordon de galets. Lorsque le feuillage du chou ou crambe tombe à l’automne, il fertilise le coin et permet à d’autres plantes de venir conquérir la zone à leur tour.
Au niveau faune ornithologique, on aborde les gravelots qui sont des limicoles et migrateurs, ce sont des espèces très vulnérables. On a le petit gravelot, le grand gravelot et le gravelot à collier interrompu, ce dernier est très présent sur la côte Picarde.

C’est une espèce qui joue beaucoup avec la ruse ou le camouflage. Un adulte peut simuler d’être blessé en s’éloignant du nid afin que le prédateur ne voit pas la couvée. Il faut vraiment deviner que cela soit les adultes … ou les œufs au milieu des galets.
Antoine Meirland nous a montré des reproductions de gravelots en taille réelle et nous cite les particularités. Il nous demande de regarder la mer et il en profite pour poser les copies en situation. Je vous laisse chercher les gravelots …et le nid !
Sur cette photo il y a 3 gravelots à collier interrompu et un nid avec 3 œufs.

Suite à cette démonstration, on mesure mieux l’enjeu de faire attention à la laisse de mer. Ils se reproduisent principalement dans cette zone et font deux pontes par an. Une couvée, c’est deux ou trois œufs et dure entre vingt et un et vingt sept jours. La période de reproduction va du fait des 2 couvées de Avril à Août.
Un des 3 gravelots et son nid – Détail du nid


Le temps commence à être compté, Antoine Meirland est passionné et les kayakistes le sont aussi. De nombreuses questions et changements de cap dans les échanges. C’est vif et super intéressant.



Du minéral au végétal …
On brosse plus rapidement l’estran de la Slikke (la zone en vasière) à la schorre zone où on retrouve la végétation halophile. On voit les évolutions suivant leur emplacement ou la fréquentation humaine. On voit les zones avec aster maritime, obione, pucceneillie … la mer monte …
Sarah Monnet nous fait une présentation rapide sur les phoques. On les observe depuis le Hourdel et elle nous explique la différence entre le phoque gris et le phoque veau marin.
Le premier est le plus massif … il fait de 2 mètres jusqu’à 3m30 et pèse entre 200 et 330 kilos !
Le second, plus petit, 1m60 à 1m90 et de 60kg à 170 kg.
Les phoques gris sont plus situés sur la sortie de baie. Ce sont de grands voyageurs : des spécimens avec balise GPS posée en Baie de Somme ont été traqués jusqu’en Écoss





(Photographies prises avec du matériel photo adapté (600mm) et dans le respect de la tranquillité des animaux)
Les phoques veaux marins sont ceux que l’on voit le plus facilement et ils sont moins farouches. Ils voyagent moins loin, ils se contentent de la côte Picarde et Normande et ne traversent pas la Manche.




(Photographies prises avec du matériel photo adapté (600mm) et dans le respect de la tranquillité des animaux)
On évoque la problématique du dérangement et les conséquences pour les petits qui perdent souvent leur mère dans ce cas.
La population est plutôt croissante au niveau du nombre des individus. On apprend que la mère peut décaler le départ de gestation d’environ 2 mois, c’est la diapause. Cela lui permet de mettre-bat à un moment plus favorable en fonction de la saison. La gestation dure approximativement 11 mois.


Il n’est pas encore midi et on voit le « pouetteur » pouetter avec sa corne de brume les gens qui sont sur l’estran car oui la marée commence à monter … et au Hourdel c’est rapide ! (ce fait est très important pour la suite;))
On a la tête en compote …l’estomac dans les talons.. On quitte la pointe du Hourdel pour le Cap Hornu où nous allons déjeuner : c’est l’occasion d’en profiter pour échanger, partager nos impressions et regarder ce super paysage, assis sur des grosses pierres.
Après cette matinée très dense, cela va être plus léger pour l’après midi … on a un objectif primordial… manger une glace !


Les kayaks sont à l’eau et on attaque une traversée en faisant un beau bac… la marée monte en plus !
On se pose sur la plage du Crotoy au pied des Tourelles. Là, on part à la recherche d’une glace et on trouve un très bon glacier… c’est un régal !



En déambulant, on rejoint les embarcations puis on reprend la nav en remontant sur le port avant de retraverser … la marée descend on contourne les herbiers qui se découvrent et imposent un détour.

Il est temps de rentrer …on charge et retour maison !
Ça va on ne meurt pas de faim ni de soif ! La plancha est à l’œuvre et le brasero en action… une chouette soirée ! Bon on ne va pas trop tarder on est sur l’eau de bonne heure demain !
Dimanche : Bonnes pratiques pour une navigation respectueuse
Rendez-vous au Cap Hornu à 8h30.
Sarah Monnet sera avec nous toute la journée sur l’eau : le but est de voir en situation ce qu’on peut faire et surtout améliorer pour perturber le moins possible le milieu naturel.
L’ambiance est particulière… un brouillard épais nous enveloppe ! La visu est de 250 mètres… en pleine mer je n’aurais pas embarqué… là, on reste dans le chenal et logiquement cela va se lever.



Sarah met tout de suite en avant le fait qu’avec le brouillard on risque encore plus de surprendre les phoques car ils sont un peu comme nous… dans le coton.
Rapidement on rencontre un groupe de phoques veaux marins, ils lèvent à peine la tête . En fait, il y a des indicateurs dans leur comportement indiquant le niveau de dérangement :
- Ils ne bougent pas du tout : ils sont zen !
- Ils lèvent la tête : ils sont intrigués et observent.
- Ils commencent à aller à l’eau et notamment la mère en premier : cela devient un dérangement.
- Les phoques partent tous du banc de sable : là c’est vraiment une fuite car ils se sentent en danger.
Pour éviter cela,
- il est important de naviguer parallèle à la côte, le plus éloigné possible du rivage où ils se reposent.
- Éviter de pointer l’étrave vers eux … pas toujours simple avec les bancs de sable ! Les pagaies notamment en alu peuvent briller au soleil et faire peur … comme une montre aussi par exemple.
- Naviguer le plus groupés possible et non en file indienne, qui provoque une gène beaucoup plus longue.
- Continuer son cheminement à vitesse régulière et éviter les éclats de voix.
- Un des kayakistes peut taper sur le pont du bateau pour s’annoncer à plus de 500 m.
Néanmoins, il ne faut pas oublier que le phoque veau marin est particulièrement curieux et joueur … il a une tendance à venir vers les embarcations pour observer. Ils sont parfois à quelques centimètres de nous, il est important de ne pas les toucher dans ce cas. Cela est justifié pour leur santé et aussi pour la nôtre … à respecter si vous voulez éviter une bonne cure d’antibio au mieux !



Cap à l’ouest …c’est vraiment une sortie dominicale pas de vent (1bft), le courant et la marée avec nous !
Sarah nous commente chaque situation et aussi adapte au cas par cas … cela ne tarde pas de se produire. Après une courbe, des phoques sur la droite et des aigrettes sur la rive gauche… quoi faire ?? Les oiseaux ont besoin de se reposer, les phoques aussi …
Le principe est de s’adapter …
- Privilégier la plus grosse colonie.
- Tenir compte de la période et notamment des petits.
- Respecter encore plus les règles de base, navigation groupée à allure régulière et en évitant de pointer vers les animaux
Là, les phoques sont sur la rive gauche … a priori, sans raison particulière en nous voyant, ils se jettent à l’eau ! D’autres phoques veaux marins sont quelques mètres plus loin et ne lèvent qu’à peine la tête.
L’explication est en fait que les premiers étaient sur un promontoire haut de 1m avec un bord abrupt. Les phoques savaient qu’il ne pouvaient fuir facilement … ils se sont mit à l’eau se sentant piégés ! Ils nous ont fait de belles cascades. Ceux plus bas étaient sur une pente douce et à moins de 50 cm de l’eau … pour eux pas d’inquiétude.
On est plus bas que le Hourdel… l’eau commence à manquer. Le chenal devient étroit et on risque de faire un gros dérangement car on arrive dans un virage, en pointant sur les phoques. Les phoques gris sont plus loin encore… les approcher est moins évident d’autant plus qu’ils sont plus farouches.
La renverse a commencé, BM 10h24 il est presque 11h. (On n’a pas d’étale sur le secteur).
On attend et en fait rien la mer continue de descendre ! Toujours pas de renverse ! Ça descend encore ! Midi …toujours rien..là une mutinerie se lève et demande à manger !
Le trait témoin fait par Sarah sur le sable se trouve de plus en plus éloigné de l’eau !
On sort les sacs des caissons et en plein milieu de la Baie on se fait notre pique nique !



On se questionne car un tel décalage avec la veille c’est pas possible … le pouetteur était en action dès 11h et le flot commençait à arriver !
Fort probable, plusieurs facteurs cumulés ont créé ce décalage. Le brouillard et la pression atmosphérique plus élevés. Le vent était nul comparé à la veille. Le coéf est passé de 82 à 74 … Le fleuve du coup contraignait aussi la marée.
Il est 13h … là il va falloir ranger et monter à bord ! Afin de poursuivre la sortie dominicale comme il se doit, on remonte avec la marée. Suivant les emplacement des phoques ou des oiseaux, on slalome …en plus des bouées …

Nous voilà en fond de baie, le paradis des oiseaux : cygnes, tadornes, fulmars, spatules blanches, mouettes rieuses… bref quel endroit sublime.
Épuisés, nous devons faire travailler les muscles pour rentrer à contre courant ! Un bon moyen de motiver tout le monde, une étape au bar sur la plage de Saint Valery ! On débriefe autour d’une boisson… ou d’une bière.
Ce moment de partage sur l’eau a été enrichissant pour les deux parties :
Pour les kayakistes, de voir la richesse et la particularité du comportement animal et aussi d’apprendre, comme dit plus haut, des réflexes simples afin de vivre le plus en harmonie avec les animaux et en les dérangeant le moins possible.
Sarah a vu aussi que notre pratique est douce et respectueuse de l’environnement.
Parfois des contraintes et des « pâtés de sable » notamment peuvent créer des obstacles supplémentaires.
Ce milieu est riche, il est indispensable d’y entrer avec respect. Avoir une attitude la moins agressive possible envers le milieu est primordial pour que la faune et la flore puisse avoir leur juste place.
Je tiens à remercier les participants de ce premier WEKE et tout particulièrement nos intervenants : le Conservateur de la Réserve Naturelle de la Baie de Somme Monsieur Antoine Meirland et la chargée de mission de l’Association Picardie Nature Madame Sarah Monnet pour leur participation à ce week-end Ck/mer.
Il a été demandé aux participants de faire un retour sur ce qui les a le plus étonnés et sur leur ressenti de ce premier WEKE.
« Les interventions étaient pertinentes et permettent de bien cerner les problématiques liées à la préservation du milieu, il y avait assez d’intervenants par rapport au nombre de personnes présentes. Après, je connaissais déjà certains problèmes, ayant déjà fait des sorties avec la LPO et adhérente de l’asso. »
« Les moments étaient conviviaux, et la sortie dans la baie agréable. »
« On pourrait rajouter un atelier ramassage des plantes comestibles et les cuisiner… » (Pourquoi pas un week-end algues;) )
Laurence
« La distance de 300 m pour observer les phoques. Je pensais qu’on pouvait s’approcher un peu plus. »
« J’ai bien aimé qu’il y ait deux intervenants différents le samedi matin. La répartition entre les deux était bien pensée, il n’y avait pas de répétition. »
Bernadette
« Je dirais la démonstration concernant les gravelots et leurs nids quasi invisibles. Et l’évocation de l’envasement de la baie. »
« C’était bien. La balade en kayak avec l’intervenante était un plus. Je ne sais pas si ça pourra se refaire. »
Julie
« Nous n’avons jamais perdu de temps le samedi notamment entre les activités. »
« Le point qui m’a le plus surpris est cette histoire de gestation retardée chez les phoques. »
« J’ai bien compris que le repos est un moment important pour les phoques. Nous devons vraiment faire notre possible pour éviter de provoquer un dérangement. »
« Il serait bien de tirer au clair cette histoire de marée 🙂 »
« c’était vraiment top ! »
Émilie
« Les deux intervenants étaient top. Pas trop long. La partie kayak était bien adaptée. Super week-end »
« Le système de gestation des phoques et l’intérêt d’entendre les réflexions a voix haute de Sarah durant la descente en kayak »
Stéphane
« Génial, le fait de pouvoir rencontrer des acteurs de la baie est enrichissant pour la pratique et pour prendre conscience des enjeux liés à notre liberté de circulation dans la baie. Pas vraiment de surprise, mais la mise en situation des œufs et gravelots était intéressant. »
« Super groupe sympathique »
AP











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