Projet printanier devenu projet de rentrée suite à une manifestation d’Éole, le programme proposé par Lionel LF restait tout aussi alléchant : une balade aux Etocs pour voir phoques et rochers sculptés par la mer, et le lendemain balade sur l’Odet.
Descriptif du week-end par Lionel
Samedi 21 : C’est à 15 kayakistes que nous avons pris la direction du Pays Bigouden, prêts pour un dernier week-end CK/mer de l’été. Depuis la plage du Ster, nous pagayons jusqu’au phare emblématique d’Eckmühl, où une visite commentée nous fait revivre l’histoire maritime des lieux. Après une pause déjeuner, nous reprenons la mer vers l’île Nonna avant de rejoindre le petit port de pêche de Saint-Guénolé. Le clou de la journée est sans conteste l’étape vers les mystérieux rochers des Étocs, que nous atteignons après avoir lutté contre le vent. La journée se termine avec un débrief dans un restaurant indien, suivi d’une flânerie vespérale dans les rues illuminées du centre historique de Quimper.






Dimanche 22 : Descente paisible de l’Odet, au départ de Porz Meilhou. Portés par le jusant, le parcours nous emmène le long du ponton Tabarly, des majestueux châteaux, et de l’anse de Combrit. Après avoir passé le Maharaja, nous accostons au Letty à Bénodet pour un pique-nique au bord de l’eau. L’après-midi se poursuit avec un retour vers Sainte-Marine, ponctué d’une halte aux thermes romains de Perennou. Nous terminons cette belle aventure en regagnant Porz Meilhou avec dans le cœur les souvenirs d’un week-end nature entre amis.


Et quelques mots des participants
« Bonjour à tous; par ce petit C/R je viens remercier Lionel qui nous a concocté un beau programme de navigation. Naviguer dans les roches de Penmarc’h est toujours un régal avec une météo idéale pour kayaker.
Lionel avait eu la bonne idée de nous réserver une visite du phare d’eckmühl dans le cadre des journées du patrimoine, ce qui était un plus dans cette belle journée de kayak. Petite visite du port de Saint guénole penmarc’h où nous avons progressé sans gêner le trafic des bâteaux de pêche.
A l’archipel des étocs, les phoques se sont montrés timides mais ils nous observaient de loin et nous avons respecté leur tranquillité. je remercie également tous les participants avec qui l’ambiance a été très amicale ainsi que ceux qui nous ont envoyé les photos et traces gps de cette belle sortie. A bientôt au sein de CKmer.
Claude P.

Je partage les impressions exprimées. Ces navigations avaient quelque chose de méditatif et d’apaisant. Un grand merci à tous !
Karine LB

Deux belles journées de navigation et une météo clémente pour la découverte de ce secteur côtier. Sur Pont-Scorff, il a plu durant le we…
Un peu de courbatures dans les épaules, hier soir. Mais après quelques étirements, ce matin, tout rentre dans l’ordre. Prêt à embarquer de nouveau !
Un merci particulier à Lionel pour cette organisation millimétrée
A une prochaine sur l’eau.
Gilbert K.
Des Etocs à l’Odet : randonnée CK/mer en pays bigouden, ou presque… Stéphane LeBreton
Quand on regarde des photos de kayakistes, on peut être frappé par la posture prise par les silhouettes. La pagaie forme souvent une diagonale par rapport au buste. Des pales se dressent en l’air prêtes à fendre la vague, les autres sont immergées. L’eau peut en jaillir que le cliché saisit. Les corps se tiennent arc-bouté, tendu vers l’avant. Les muscles des bras sont bandés. Les visages apparaissent parfois crispés. Ils vont manger des milles : ils sont là pour ça. En contre-jour, il existe des positions plus sereines. Celles qui les montre en apesanteur dans une lumière diaphane. On ressent le tangage et la souplesse des corps qui accompagne l’ondoiement. Dans quelques cas, les frontières se mêlent. On abat la pagaie dans un mouvement hypnotique. On se fond dans le courant tandis que le roulement irrigue le corps par saccades. C’est le sentiment qui me vient en regardant les photos du week-end proposé par Lionel.
Cette sortie était prévue initialement en avril, mais elle a été reportée fin septembre en raison du mauvais temps. Ce n’était pas forcément une mauvaise chose : nous avons été gâtés. En plus d’une météo plutôt clémente, nous avons profité du week-end du patrimoine. Lionel nous a donné rendez-vous le samedi matin, à 9h30, plage du Ster, entre Penmarc’h et le Guilvinec. De là, nous avons longé la côte pour débarquer au pied du phare d’Eckmühl. Il nous avait réservé la première visite de la matinée. Nous avons dû passer non loin du monument aux naufragés dont l’allure – la sculpture d’un marin accroché à une épave levant la main vers le ciel – est assez saisissante. Un sémaphore, deux phares, une chapelle doublée d’une tour fanal, une seconde – Notre-Dame-de-la joie, un peu plus au nord – consacrée à la Vierge : ce sont autant de témoignages de la dangerosité des éléments à cet endroit. Penmarc’h semble être un lieu de mémoire porteur de nombreuses histoires tragiques. Au même moment, Lonan Byrne a envoyé un mail aux membres de CK/mer pour les remercier de leur accueil chaleureux à Belle-Ile. Il finit en évoquant la figure de saint Renan/ Ronan au travers d’un chant irlandais. Ce dernier se termine par une invocation que j’ai trouvé de circonstance en naviguant le long de ce littoral drapé de rochers et de haut-fond : « O Christ, will you help me / when it comes to going upon the wild sea ? ». « Une bonne prière pour les kayakistes » conclut Lonan. Je me suis aperçu ensuite de toute la littérature que la mer à Penmarc’h a inspiré. Parmi les nombreux auteurs, Marcel Proust dans son roman « Jean Santeuil » décrit la violence d’une tempête : « Ils entrèrent dans le royaume du vent dont ces collines défendaient l’entrée, et ils durent y entrer malgré eux à genoux, car sa force n’avait pas encore été éprouvée et à laquelle ils ne s’attendaient pas, les souleva de terre et les jeta quelques pas plus loin, prosternés, accrochés des pieds et des mains au sol pour s’y retenir, n’osant pas relever la tête pour ne pas être étouffés ». Toutefois, nous sommes loin de ces pensées funestes en pique-niquant au soleil. La côte est alors lumineuse. Nous reprenons dans l’après-midi en glissant entre les rochers et en faisant le tour de l’île de Nonna. Ce serait ici que sainte Nonna son frère, saint Tudy et sa sœur, sainte Thumette, auraient débarqué. Ils seraient venus de la Cornouaille « anglaise » au moment de la migration bretonne du Ve s. Ils auraient été portés par une barque de pierre : on retrouve le même thème de l’embarcation de pierre que dans la légende de Ronan, saint irlandais. Nous dérivons ainsi jusqu’au port de Saint-Guénolé. Alors pour ce qui est de saint Guénolé… Non, non, je ne vais pas tous les faire. Et si, lui aussi, vient des îles britanniques – du pays de Galles cette fois – on ne sait pas s’il a navigué sur une barque de pierre… Aucun intérêt donc… Nous entrons dans le port : des chalutiers colorés rappellent que nous sommes en présence du cinquième port français en tonnage pour les ventes à la criée et du septième en valeur. Lionel nous convie ensuite à revenir en arrière : il est l’heure de découvrir les Etocs. Pourquoi ce nom d’ailleurs ? Un article de H. Dyevre indique que le nom est d’origine normande et qu’il remonterait à l’établissement de la carte de Cassini de 1783. Le cartographe aurait ainsi retranscrit un toponyme local, par comparaison avec la situation d’autres rochers fixés non loin d’une côte. Et le nom se serait imposé dans l’usage. Ce qui est tout de même curieux : les toponymes savants remplacent rarement les noms traditionnels. Cela paraît d’autant plus étrange que la population a parlé longtemps le breton.
Enfin bref, nous en sommes là : sur ce petit point de la carte de Cassini, à la recherche des phoques. L’endroit est à l’image de ce que j’en avais entendu dire. A marée basse, on se laisse aisément bercer par la beauté minérale de l’endroit. Bertrand, dans la matinée, en avait parlé comme d’un « aquarium ». Il y a de cela. La transparence de l’eau ajoute à cette impression. Et même si les phoques ne se sont pas facilement laissés approcher, on profite de ce paysage pleinement terraqué. Cependant, en regagnant la plage du Ster, j’ai pensé que si les Etocs étaient actuellement considérés comme un « écrin aux eaux transparentes, abri naturel des phoques gris et des oiseaux marins », la vision du lieu avait dû être bien différentes dans le temps. Il a pu sans doute être perçu comme une malédiction pour la navigation. Un petit tour sur internet le confirme : dans la brume, les Etocs ont pu être un piège fatal pour des équipages.
En fin d’après-midi, nous regagnons le camping de Quimper fourbus. On sent bien la vingtaine de kilomètres. Mais c’est tout de même avec entrain que nous débarquons au centre-ville de Quimper. Lionel a réservé au « Maharaja ». Ce n’est pas parce que nous sommes en Bretagne que nous devons obligatoirement manger des galettes… Et puis, ça nous rappelle la vocation outremarine du passé de la région, des Bretons à Pondichéry. Un petit tour dans le centre historique et nous regagnons nos tentes. Nous ne fréquenterons pas le pub, pourtant irlandais, ce soir-là : St Ronan prie pour nous.
Le lendemain est un autre jour, une autre ambiance. Nous nous retrouvons à Porz Meillou, sur l’Odet, en aval de Quimper. Lionel nous parle du transport que l’on pratiquait autrefois sur la ria et de l’ancienne buvette de marins dont il ne reste que la façade. Un brouillard enserre les rives : c’est parfait pour s’abstraire du temps. La marée descendante nous entraine avec elle. On se réveille au gré du courant et des paysages qui défilent. On accède rapidement aux Vire-court, constitués d’une gorge boisée et assez pentue. C’est par là que nous croisons la navette (certains parlent de « promène-couillons ») qui remonte le bras de mer en soulevant un train de vagues. Dans la série « le kayak comme métaphore de la vie », j’ai alors entendu cette brève de kayak : « la vie, c’est comme un long fleuve tranquille : parfois, il y a des remous à franchir… » Un peu plus loin, Lionel nous montre le ponton Tabarly. De la maison cachée en hauteur dans les bois, nous ne verrons rien. Le brouillard se lève au fur et à mesure de notre avancée vers l’embouchure tant et si bien que c’est sous le soleil que nous abordons Bénodet. Nous continuons cependant jusqu’à la plage du Letty : Lionel nous l’a si bien vendue. Et il avait raison : l’endroit est somptueux. Une eau claire, un banc de sable pratiquement désert. Il n’en faut pas plus pour s’arrêter manger et paresser au soleil. « Et dire que demain, il faudra travailler sous la pluie… » Profitons, profitons… Nous attendons 14h, l’heure de la renverse. Parfois, attendre la marée est digne de la sagesse d’un Alexandre le Bienheureux : « Bouge pas comme ça, tu me fatigues. Toujours dans mes jambes, toujours à me renifler, à pousser du museau, à faire le guet. Oui. Je bouge, tu dors couché en rond, je m’arrête pour attendre, te voilà en arrêt à renifler le vent. Bouge pas comme ça, tu me fatigues, je te dis. Toi aussi, faut que tu remues, que tu cavales, mais qu’est-ce qu’ils ont tous ? On a le temps. Faut prendre son temps. Faut prendre le temps de prendre son temps. Comprends-tu ? »
Enfin, il faut bien repartir. Et nous voilà du côté de Sainte-Marine. Lionel voudrait bien nous inviter à dîner à la villa Tri Men, mais nous devons rentrer. C’est avec regret que nous nous désistons. A la remontée, nous nous arrêtons sur le site de thermes gallo-romains, non loin du château de Pérennou. A naviguer dans cette ria, on prend conscience de la richesse de son histoire. Il est évident qu’elle a été vecteur d’une communication intense dont Quimper a longtemps été le point de rupture de charges. Vers 16h30, nous atteignons le point de départ. Il est temps de plier, ranger et repartir… Un peu plus de 26 km pour ce deuxième jour.
Lionel nous a concocté deux journées d’une belle navigation, avec des univers différents d’un jour à l’autre. Il nous a surtout fait partager, avec un plaisir évident, ses connaissances. Et le groupe s’est mis au diapason. Encore une fois, la magie CK/mer a bien opéré. Ce qui rend les lendemains un peu dur (eh oui, la pluie était bien présente le lundi, en dépit des envolées lyriques de François : « un lundi au soleil / C’est (bien) une chose qu’on n’aura jamais / Chaque fois c’est pareil »…).

Ce fut un très bon WE, oú Lionel, en maître des lieux, a su déjouer avec les orages prévus (on les a entendu grogner).
Belles balades : Eckmühl (bien pour scrabble), St-Guénolé, les Etocs où l’on a vu 3/4 bouées noires coniques au raz de l’eau (lol).
Le lendemain un aller-retour sur l’Odet avec un petit tour sur le Lety retour par les thermes romaines ( dommage qu’elles ne fonctionnaient plus, j’aurais bien été faire un petit tour pour soulager tous mes vieilles douleurs .
Merci à tous les photographes et merci à tout le monde pour cet agréable séjour.
A bientôt sur l’eau
Guy

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