Alpine Paddle – pagaies groenlandaises : entretien avec Yannick Sevi

Alpine Paddle – pagaies groenlandaises : entretien avec Yannick Sevi

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Alpine Paddle – un entretien avec Yannick Sevi

Yannick Sevi est le créateur de Alpine Paddle, le fabricant de pagaies groenlandaises.  CK/mer avait fait une interview de Yannick en 2012, au début de son activité. On le retrouve aujourd’hui toujours aussi passionné et avec une belle actualité à annoncer !


CK/mer avait fait une interview de toi en 2012 (> lire l’interview). Aujourd’hui où en es-tu ?  

Tout est toujours d’actualité dans l’article si ce n’est que j’ai pris 10 ans entre temps, avec un problème de santé dont je me suis plutôt bien tiré, et que maintenant la fabrication de pagaies est ma seule activité professionnelle. Me consacrer à la création de mes pagaies, c’est ce qui me fait vibrer, c’est ce qui me tient en passion, en haleine. C’est une passion depuis que j’ai rencontré Maligiaq, qui a changé ma vie. C’est à travers lui que j’ai rencontré la pagaie groenlandaise, cet objet fabuleux. Et depuis cette passion m’accompagne, comme la passion pour le kayak, les rencontres, CK/mer, les Symposium. C’est la flamme qui m’anime, celle qui me fait vivre.

A ce moment-là, tu décrivais le marché de la pagaie groenlandaise comme une activité de niche, et même de niche pour chihuahua. C’est toujours le cas ?

Ce n’est pas encore une niche pour Saint Bernard, peut être aujourd’hui c’est une niche pour teckel ! Le marché a un peu augmenté, peut être de 15% / 20%, mais la concurrence a grossi également, même si on n’est toujours pas très nombreux à fabriquer ces pagaies. Au Canada, il n’y a que deux fabricants. Aux États-Unis, c’est plutôt de l’auto-construction. Ici, en Europe, nous sommes 5 ou 6 professionnels. Certains, comme EastPole, utilisent des machines automatiques. En ce moment, il y a un peu une mode pour les pagaies  en carbone, qui sont faciles à faire une fois qu’on a le moule. Et il y a également de l’auto-construction.

Depuis que tu t’es lancé dans la fabrication de pagaies groenlandaises, est ce que ta conception a évolué ?

La pagaie groenlandaise a 3000 ans, si on avait dû la faire évoluer on l’aurait fait depuis longtemps.

Je me suis lancé vers 2010 ? Je me suis cassé le col du fémur en 2007, j’ai acheté mon premier kayak en 2008, rencontré Maligiaq en 2009, et j’ai fait ma première pagaie en 2010. De fil en aiguille j’ai commencé à en faire pour les autres, puis étant menuisier, à l’intégrer dans mon activité professionnelle.

Ma conception n’a pas évolué dans la forme ; ce qui a pu évoluer c’est la qualité de mes pagaies et la rapidité à les fabriquer – avec un certain nombre de pagaies à mon actif. Ce n’est pas vraiment une évolution, mais maintenant, je fais deux types différents de pâle, les lenticulaires et des pâles en dièdre. L’efficacité des pâles en dièdre est remarquable, avec un phénomène hydrodynamique plus puissant, ce qui en fait des pâles vraiment prisées. C’est intéressant d’ailleurs de voir qu’à Venise, les gondoliers utilisent des rames avec un côté en dièdre, et l’autre lenticulaire, alors qu’il n’y a pas eu de contacts avec les groenlandais.

© Photo Yannick Sevi

Un conseil que tu aimerais partager ? Si j’ai un conseil à partager, ce serait avec les utilisateurs de pagaie « moderne » : OSEZ  essayer la pagaie traditionnelle. Les gens n’osent pas essayer, car il n’y retrouve pas le mouvement du poignet gauche, pas la portance, etc..

OSEZ, essayez.

Ce dont tu es le plus fier ?

L’invitation à exposer lors des Jeux Olympiques de Paris 2024. Si on m’avait proposé de porter la flamme je ne serais pas plus fier. Ce n’est d’ailleurs pas de la fierté, cela me procure un vrai bonheur. D’être sollicité par la Réunion des Musées Nationaux, pour moi qui ai travaillé toute ma vie avec un bout de bois dans les mains, c’est une reconnaissance qui me touche profondément. C’est également une reconnaissance pour la pagaie groenlandaise, pour nous, les kayakistes, CK/mer, Sottocosta, qui aimons utiliser cette pagaie traditionnelle.

Yannick est invité à participer à l’exposition MATCH : design & sport, une histoire tournée vers le futur, qui aura lieu au Musée du Luxembourg du 13 mars au 11 août 2024.

Il exposera une de ses pagaies groenlandaises « Classical », une pagaie lenticulaire simple de 2,24 m par 8,5 mm.

Je suis particulièrement content car cette exposition correspond bien à ma sensibilité, avec l’idée d’aller vers le futur avec un objet traditionnel. Ce n’est pas un objet ancré dans le passé, il est présent, il vit, il stimule. D’ailleurs, les jeunes qui ont la chance de naviguer avec ce type de pagaies, ils adorent. Et j’aime à penser que la relève est assurée.

Un message pour CKmer. Je ne peux pas imaginer une année sans CK/mer, ou Sottocosta en Italie, surtout moi qui suis seul en Savoie, je ne peux pas imaginer une année sans un rassemblement kayak, un symposium, ou des rencontres comme l’été dernier. Cela me paraît évident, le kayak c’est la rencontre, le partage, et le partage de l’utilisation de la pagaie groenlandaise.


Le site Alpine Paddle est actuellement en maintenance, n’hésitez pas à contacter Yannick directement (contact sur la page, Instagram ou Facebook) ou à le rencontrer lors du prochain Symposium CK/mer.


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