Tour du Finistère 2022 avec CK/mer

Tour du Finistère 2022 avec CK/mer

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Tour du Finistère en 11 jours – 2 au 12 juillet 2022

Après deux Tours de Bretagne en kayak de mer proposé à CK/mer en 2017 et en 2020, Jef a proposé en 2022 un Tour du Finistère en 11 jours du 2 au 12 juillet. Un projet ouvert à 6 kayakistes, qui ont la chance de vivre une belle aventure en kayak de mer qu’ils partagent ici.


Jef : Chacun d’entre nous a rédigé un texte pour le site de CK/mer. Nous étions sept à faire ce Tour du Finistère, voici nos textes.


Une côte Finistérienne sous éblouissement

C’était juste DINGUE, en majuscule SVP, sans aucun accent mais avec un enthousiasme contagieux. La mer nous a offert une côte Finistérienne sous éblouissement avec des points d’orgue époustouflants sur ses flans sauvages et majestueux. Le soleil tant attendu de demain s’est finalement imposé dès aujourd’hui, la mer est devenue chaude pour tous les sudistes et la nuit sous ciel étoilé notre chambre à coucher.

Un tour du Finistère peut se résumer : en 3 caps, cap à l’Ouest en Manche, cap au Sud en mer d’Iroise et cap à l’Est sur l’Atlantique ; en 11 jours avec nos belles pagaies en main et en contemplation sous endurance, chacun occupé à sa meilleure combinaison de la mer et du vent ; en 7 personnes singulières qui se découvrent au fil du tour. Je laisse les confidences de mer au bord de l’eau. Je remercie Jef, Marie, Pascal, Nathalie, Bernard, David et vis et versa sans qui ces vacances n’auraient pas eu ce goût savoureux. En quelques étapes géographiques toutes aussi sympathiques les unes que les autres. Parfois improvisées. Parfois en apothéoses. L’un n’empêchant pas l’autre. En quelques passages de pointes finistériennes qui découvrent de nouveau horizon parfois époustouflant. En un itinéraire qui n’est qu’un prétexte à se remémorer ces quelques jours inoubliables.

Premier coup de pagaie à Locquirec. Après une nuit glaciale, départ sous le soleil avant une pause midi au goût d’automne, arrivée ensoleillée sur l’île Callot après un jeu de pistes dans la baie de Morlaix. Mais à quoi jouent toutes ses balises? L’amer blanc sera gris, la pointe noire rouge et la balise Ricard verte. Nous sommes accueillis par un couple de rochers qui s’embrassent. On s’y sent bien. Il pleut des puces de sable toute la nuit. Gueule de bois au réveil, mais on savoure d’être au sec! Départ sous un ciel gris.

Cap sur Roscoff. Au loin, on se croit à l’île de Ré en son pont. C’est l’embarcadère de l’île de Batz qui nous joue des tours. Pause à l’île de Siec sur les galets chauds. Première sensation de chaleur, c’est bon. Après-midi pagaie avec l’incontournable antenne géante en ligne de mire. Bivouac sur la plage de port blanc qui ne ressemble pas au nôtre. Baignade, promenade, apéro avec 2 pécheurs. Tout est bien. Cap sur le sémaphore de Brignogan avec toujours cette antenne entêtante qui ne diminue pas. Pique nique au pied d’une belle dune de sable fin et son port tout en quiétude. Cap sur le phare de l’île vierge, immense et permanent. Jeu de cache-cache avec sa balise rouge qui nous joue des tours dans l’estimation de nos distances. Bivouac sur l’île Wrac’h. Baignade et promenade. Le soleil donne.

Cap sur le far du Four. Journée touristique et jeux d’amarrage sur l’île Guenioc et ses habitations d’un autre âge, sur l’île d’Iock et ses cailloux à marée basse. Un phoque s’endort. La mer descend vite aussi au port Mazou qui est trop à sec pour nous recevoir. Bivouac sur la plage de Melon. Ouessant à tribord tout l’après-midi s’invite à notre table du soir. Soirée à faire des plans sur la comète dans l’ambiance du pub de Porsmeur. Au réveil, les rêves s’effacent.

Tant pis, cap sur Kermorvan, la pointe Saint-Matthieu avec une nav sur le tapis roulant de la Vinotière où 2 dauphins remontent à contre courant, nav chahutée de l’embouchure de la rade de Brest jusqu’au tas de pois. Pause bienheureuse à l’anse de Pen-Hir où le goûter se fait repas. Décidément, le temps nous joue des tours et le dîner de l’anse de Dinant se fait réveillon. Soirée d’aurevoir avec David qui change de mer. Dans le cœur, on reste à 7.

Cap sur la pointe de la chèvre, traversée de la baie de Douarnenez. Pause époustouflante et écorchée à Théolen. Que ce bout de Finistère brute est émouvant ! Saut de puce et cap sur tous les petits ports abris accueillants avec cette mer calme. Bivouac sur la plage du Loch. Cap sur la pointe de Penmarc’h. Tout est calme. Bivouac sur la plage du Ster qui a découvert tous ses cailloux. Cap pour une pause touristique et gustative au port du Guilvinec. Qu’ils sont beaux tous ces bateaux de pêche colorés ! Bivouac sur la plage de Benodet. Baignade, étoile de mer et laminaires. Vision en cornet triple de l’archipel des Glénans à l’horizon. Nuit à la belle étoile.

Cap sur Concarneau avec un clin d’œil à Beg Meil, visite depuis la mer des remparts et accès à pied à la vielle ville par un passage secret incroyable. Baignade, bivouac et belles étoiles sur la pointe de Trévignon. Cap sur d’autres petits ports paisibles de Brigneau, Merrien, Doëlan. La mer s’invite à la campagne. Dernier plouf. Vue sur l’île de Groix avant le dernier coup de pagaie à Guidel avec un goûter rafraîchissant inoubliable. Il est finalement difficile de redessiner ce trait de côté finistérien. Il faudra y revenir encore et encore si la mer le veut bien. En attendant, à chacun son tour et sa manière de raconter 1, 2, 3 soleil !

Élisabeth


Immersion en pleine nature : saisir l’instant

A mes yeux, l’intérêt de la randonnée en kayak de mer réside dans ces 2 mots immersion et nature. On peut s’étonner d’avoir l’idée d’entreprendre un tel voyage en kayak : ne se lasse t’on pas, coup de pagaie après coup de pagaie ? En fait il y a tant de choses à percevoir qu’on ne s’ennuie jamais, la lenteur de la progression permettant de découvrir, d’admirer beaucoup plus de choses et d’en cerner mieux les contours.

J’ai adoré le passage au large de l’Île Vierge totalement investie par les oiseaux qui se manifestaient en volant près de nous et en poussant des hauts cris. A ce moment, on se sentait vraiment intrus dans un autre monde. Nous sommes passés au dessus de véritables jardins aquatiques qui rivalisaient d’une beauté fluide et changeante, passés à l’ombre d’un phare que nous avons vu grossir tout petit à petit, franchement effrayant par sa taille, le plus grand phare en pierre d’Europe, érigé pour prévenir tout marin du danger qui les guette à l’entrée de l’Aber. Étant contraints par le temps, nous avons poursuivi notre chemin au milieu des nombreuses îles de l’anse saint Antoine jusqu’à l’île Wra’ch qui peu à peu, avec la marée descendante s’est découverte, et montrée fort jolie avec son petit phare blanc et rouge.

Ce tour du Finistère fut un régal pour les yeux et pour l’âme, nous avons juste pris le temps de saisir l’instant.

Marie

Réveil sur l'île Wrac'h - Photo de David
Réveil sur l’île Wrac’h – Photo de David

Un Tourduf que la réalité rattrape

Ma bafouille…
Lorsque Jef nous a demandé d’écrire quelques lignes sur notre Tourduf, bien des choses sur la joyeuse troupe que nous formions me sont revenues. La connaissance du Finistère en kayak de « captain Jef », les « c’est dingue » de Marie à chaque coin de vague, les rires et le cubi de Pascal, les comptes rendus de Nathalie sur ses randonnées kayak aux Hébrides, au Groenland et dans le golfe du Morbihan, les performances de Bernard sur l’eau, en légumes ou en pain, et enfin les peintures de guerre d’Élisabeth et sa capacité à nous dire où nous étions à tout moment grâce à ses cartes maxi format !!

Mais c’est une autre invitée qui s’est imposée… la culpabilité !! Bien sûr, nous aimons toutes et tous ce sport pour ce qu’il est et ce qu’il nous apporte… cette déconnection, ce retrait du monde, cet accès à la mer et à son immensité, à la méditation. Ce faisant nous laissons aussi beaucoup de choses derrière nous, surtout lorsque nous partons pour une douzaine de jours. La première culpabilité est donc celle d’avant le départ, celle de convaincre tout notre entourage que nous partons sans eux et qu’ils restent, eux, seul(e)s face aux réalités du moment.

Mais ce n’est pas de cette culpabilité là dont je veux vous parler. Car celle-ci s’oublie dès que le kayak est fixé sur le toit de la voiture, avouons-le. Non, celle dont je veux vous parler est celle qui vous rattrape. Celle qui intervient au milieu du parcours juste avant une course mythique, celle qui a le potentiel de modifier la randonnée de la joyeuse troupe, celle qui s’impose après la découverte en fin de journée des appels manqués de votre famille, des aides de vie, des médecins et de l’hôpital, de celle qui vous ramène à la réalité de l’autre monde. Cette culpabilité vient d’un double sentiment d’abandon potentiel : d’un côté l’abandon de vos camarades de jeux, et de l’autre l’abandon de la famille.

J’ai bénéficié de trois aides précieuses pendant ces quelques jours difficiles : celle d’une famille conciliante que je remercie encore, d’une troupe très présente (merci aussi à Jef pour l’escort jusqu’au camping de Goulien), et celle du temps. Avoir du temps permet de gérer les urgences au mieux dans ces cas-là. Ainsi, j’ai même pu me faire une dernière journée de navigation qui s’est révélée être un « must », avec notamment un bord entre la Pointe Saint Mathieu et les Tas de Pois, vent et courant dans le dos, avec de belles glissades !!

L’aventure s’est donc interrompue à mi-parcours pour moi. Des souvenirs plein la tête et pas de regret sur les décisions prises…ou plutôt si peut-être un, celui de ne pas avoir évoquer le risque avec mes proches avant le départ. Et il est peut-être là mon seul conseil, si vous laissez une situation un peu lourde derrière vous, partez quand même, mais préparez vos options avec vos proches en cas de pépin ! et avec l’équipe, surtout lorsqu’il y a de la logistique compliquée. 

Cela vous évitera toutes les culpabilités, y compris celle du départ, vous savez, celle dont je ne voulais pas vous parler !!

David.

En allant à Roscoff - Photo de Jef
En allant à Roscoff – Photo de Jef

Un paysage chaque jour différent

Merci Jef, de nous avoir embarqués dans ce tour du Finistère, une rando au paysage chaque jour différent. Pascal et moi avons eu grand plaisir à découvrir de nouveaux horizons à chaque étape, et à pagayer avec toute l’équipe. Pascal retient cette diversité, sudiste de plus en plus amoureux de la Bretagne ! Et bien sûr de s’être tiré la bourre avec toi Jef et Bernard…

Pour ma part, j’ai aimé la douceur de l’île Callot ; je me suis amusée dans les surfs avant d’arriver au Tas de pois. Et paradoxalement, j’ai aimé les imprévus, qui débouchent finalement sur des moments magiques. L’arrivée en surf à Théolen. Pas trop fière au départ, mais ravie d’avoir géré les vagues pour une arrivée toute en douceur. La halte au Guilvinec, port de pêche coloré, parenthèse enchanteresse et gourmande… Et tant de petits instants de plaisir à savourer sur l’eau. Merci à toi Jef, Marie, Bernard, Élisabeth, David. A bientôt sur l’eau !

Nath et Pascal

Vers les Tas de Pois - Photo de Pascal
Vers les Tas de Pois – Photo de Pascal

Fata Morgana

Le tour du Finistère, nous l’avons fait en kayak grâce à Jef et à Pascal, mais aussi grâce à la ténacité des participants.
Nous avons pagayé plus de 58 h pour parcourir environ 300 km.
Les points forts de ce tour auront été, avant tout, de le finir dans le délai fixé, mais je retiendrai dans l’ordre des étapes, le merveilleux tapis roulant offert par le chenal du Four en allant vers la pointe Saint Mathieu.
Puis une arrivée plutôt sportive sur la plage de Porz Théolen où n’ayant pas su maîtriser les vagues qui déferlaient sur la plage, contrairement à mes camarades, j’ai pu mettre en pratique la technique de l’esquimautage. Figure de style fêtée comme il se doit à la buvette du port.
L’équipe étant fatiguée, nous avons fait relâche le lendemain. C’est-à-dire que nous sommes allés visiter, en kayak, les tout petits ports qui servent d’abris entre le Raz de Sein et le Port Abri du Loch. Il faisait très beau, mais à lire les informations proposées aux touristes, dans ces petits abris, notamment celui de la Bestrée, il n’est pas difficile de comprendre que la mer d’Iroise n’est pas toujours fréquentable.
Enfin, je retiendrai la surprise ressentie à la Pointe de Trévignon vers 18 h en regardant les îles Glénans. Un tablier de pont semblait recouvrir les îles, qui elles-mêmes paraissaient suspendues, à l’envers, sous ce tablier. C’était la première fois que je voyais une fata Morgana. (Merci Jef de m’avoir expliqué de quoi il retournait). Nous verrons le même phénomène se répéter le lendemain, vers la même heure.
Pour conclure, il aurait fallu prendre des notes lorsque Jef nous expliquait l’histoire et l’intérêt des sites que nous croisions. Je ne vois pas d’autre solution que de repartir pour un tour … de Bretagne, qui sait ?

Bernard

Une fata Morgana (en italien) est un phénomène optique qui résulte d’une combinaison de mirages. C’est au Moyen Âge que ce phénomène a été rapporté pour la première fois, par des croisés qui, naviguant dans la mer Méditerranée, affirmaient avoir aperçu de fantastiques châteaux se refléter dans la brume près du détroit de Messine (entre la péninsule italienne et la Sicile). Ils attribuèrent ce phénomène à la fée Morgane, d’où le nom italien de fata Morgana adopté par la suite, et qui, d’après la légende arthurienne, avait le pouvoir d’élever des palais au-dessus des flots et d’agir sur le vent..

Pointe du Château de Dinan - Photo de Jef
Pointe du Château de Dinan – Photo de Jef

Une belle aventure humaine

Ce tour du Finistère s’est déroulé près des côtes, il a été une belle aventure humaine, emplie de bienveillance mutuelle. J’y ai vécu des moments de plénitude, de petits et de grands plaisirs. Sans compter que nous avons gagné en tonicité durant ces jours : nous avons commencé le tour à 2,5 nœuds de moyenne pour le terminer à 3,5 ou 4 nœuds.

Dans cette nature préservée des côtes du Finistère, nous avons veillé les uns sur les autres. En même temps que nous relions Guidel, à partir de Locquirec, nous nous sommes reliés les uns aux autres. Ma conclusion principale est que j’ai eu la chance de naviguer avec de belles personnes, sans parler d’une météo très clémente, sans parler de paysages sauvagement splendides.

CK/mer, l’association qui nous a réuni, est un grand pourvoyeur d’amitiés et un puissant auxiliaire de plaisir et de santé, j’ajouterai : vivement la prochaine !

Jef


Commentaires sur « “Tour du Finistère 2022 avec CK/mer” »

  1. Avatar de Luc
    Luc

    Eh bien, quel plaisir de lire ces lignes d’un roman du bonheur partage !

    Bravo a tous de vous etre engages dans cette belle aventure que vous a propose Jef.

    Les reves ne meurent jamais ! Surtout s’ils sont realises…

  2. Avatar de Jean-Luc Giraudet
    Jean-Luc Giraudet

    En plus de savoir pagayer, il y avait de belles plumes dans l’équipe, de quoi donner envie de partir en randonnée,
    Bravo à Jef, le chef d’orchestre,

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