Ouest-France, Actualité départementale, vendredi 22 août 2008
Ici, les sternes ont trouvé une terre d’asile. A l’approche de la Colombière, le ballet des oiseaux est incessant entre eau, sable et air. Jérôme Fouquet.
L’été, la sterne de Dougall, menacée d’extinction, est l’unique occupante de l’île de la Colombière, à Saint-Jacut-de-la-Mer.
C’est un îlot rocheux de l’archipel des Ébihens, dans la commune de Saint-Jacut-de-la-Mer. Devenu un havre de paix. « La Colombière est aujourd’hui une réserve qui sert à protéger les sternes, plus connues sous le nom d’hirondelles de mer », informe Yannig Coulomb, gardien du site, géré par l’association Bretagne vivante.
Propriété du conseil général, l’îlot est interdit d’accès pendant la période de reproduction des oiseaux, qui y trouvent un endroit approprié pour nicher. Du 15 avril au 30 août, Yannig Coulomb veille à ce que ni bateaux, ni promeneurs (l’île est accessible à pied à marée basse) ne s’approchent à moins de 100 m du site. Le temps de laisser les couples couver leurs oeufs et les poussins être en âge de prendre leur envol. Car les sternes Dougall, farouches, s’enfuient et abandonnent leurs couvées, dès qu’elles se sentent en insécurité.
La colonie qui investit l’îlot est mixte, composée de sternes Pierregarin, Caugek et de Dougall. Cette dernière espèce, menacée d’extinction, vient d’Afrique de l’ouest nicher sur deux sites en Bretagne : la baie de Morlaix et la Colombière. Morlaix concentre la majorité des couvées, « mais on préfère favoriser plusieurs endroits de reproduction. En cas de problème sur un site, un prédateur qui vient manger les oeufs, par exemple, on a ainsi une autre chance », explique encore Yannig Coulomb.
En 2006, vingt couples de Dougall ont été comptabilisés à la Colombière, mais un seul, cet été. Et aucun poussin sterne ne s’est envolé de l’îlot, cette saison ; les parents ayant abandonné les nids, à l’approche de deux prédateurs. Un renard et un faucon-pèlerin ont semé la panique dans l’ensemble de la colonie.
Il reste 60 couples de sternes Dougall en Bretagne. Ils étaient plus de 1 000 en 1970. En 1980, on n’en comptait déjà plus qu’une centaine. En cause : le développement des sports nautiques, qui les dérange et les effraie, et celui du goéland argenté, principal prédateur des sternes. Depuis 1985, les mesures de réglementation ont effacé la menace qui pesait sur l’espèce. La tendance est aujourd’hui renversée, malgré l’apparition d’un nouveau prédateur : le vison d’Amérique. Cet animal, dont l’élevage s’est arrêté il y a quelques années, a été relâché dans la nature ; il est capable de nager sur deux kilomètres pour chercher ses proies.
Yannig Coulomb veille à ce que les animaux prédateurs de toutes sortes, moins sensibles à la protection des sternes que les hommes, ne viennent empêcher la survie de cette espèce.
[GL]